La Boite à Musiques : Robinson Khoury

1 mai 2025

photo : Elisa Ramirez

LA BOITE A MUSIQUES

 ROBINSON KHOURY

 “Frank Rosolino, c’est un peu le Sonny Rollins du trombone ! ”

 Il vient de remporter le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz et nous a séduits avec son troisième album “Mÿa”, où son flamboyant jeu de trombone se déploie sur des sonorités électro ou des vocalises arabes. Il entame sa deuxième année d’artiste-résident à Coutances avec un nouveau groupe : le quatuor demi-lune. C’était donc le bon moment de lui concocter un blind test qui coulisse !

 par Lionel Eskenazi

 J.J JOHNSON SEXTET

Fatback  “J.J Inc” (Columbia, 1960)

 (Dès la première note de trombone), c’est J.J Johnson bien sûr ! C’est le premier tromboniste que j’ai écouté. Mon professeur de trombone m’avait confié une pile de CD de J.J Johnson que j’ai écoutés en boucle et c’est exactement ce son de trombone que je voulais avoir. C’est un pionnier, car c’est le premier tromboniste de be-bop. Il était capable de jouer avec beaucoup de vélocité sur des tempos très rapides avec une grande précision rythmique, mais il y avait aussi beaucoup d’humilité et une grande classe dans son jeu, il savait choisir ses notes…

 FRANK ROSOLINO

Blue Daniel “Frank Talks” (Storyville, 1978)

 Sans aucun doute, c’est Frank Rosolino, il est dans la suite logique de J.J Johnson. C’est un tromboniste capable d’une grande expressivité avec son jeu en staccato et sa technique du doodle tonguing, typique du jazz américain. Son style est toujours très inspiré car il renouvelle constamment ses improvisations. Il était capable d’effectuer de longs solos sans montrer de signe de fatigue, c’est un peu le Sonny Rollins du trombone !

 GLENN FERRIS TRIO

Lawrence Brown - Master of Sound “Refugees” (Enja, 1997)

Ça ne peut être que Glenn Ferris, je reconnais sa touche très personnelle où l’on entend précisément chaque note. Il a un jeu très harmonieux, fluide et sensuel, imprégné par le blues. L’instrumentation (il est accompagné uniquement d’un violoncelle et d’une contrebasse) est très singulière et fonctionne à merveille car ce sont des instruments qui ont des tessitures proches. Dans le nouveau projet que je vais créer à Coutances, j’ai voulu aussi dialoguer avec un violoncelle et une contrebasse, mais j’ai souhaité y ajouter le jeu de piano très particulier d’Eve Risser, grande spécialiste du piano préparé.

 NATACHA ATLAS

Yalla Chant “Diaspora” (Nation Records, 1995)

Je reconnais bien la voix de Natacha Atlas. Je l’ai découvert lorsque j’avais 10 ans grâce à ma grande sœur qui écoutait en boucle l’album “Gedida” en pratiquant la danse orientale. Et à l’âge de 19 ans, Ibrahim Maalouf qui produisait l’album “Myriad Road” de Natacha Atlas, m’a proposé de jouer sur un titre et de faire des concerts avec elle, notamment sur la grande scène de Jazz à Vienne ! Je me suis bien entendu avec Natacha et j’ai joué sur son “Strange Days” en 2019. Pour mon album “Mÿa”, j’avais envie d’une voix arabe qui chante des vocalises sur deux morceaux, j’ai donc invité à mon tour Natacha Atlas, ainsi que Lynn Adib que j’ai découvert trois mois avant d’enregistrer l’album. J’adore les chanteuses arabes et je suis un grand fan d’Oum Kalthoum. J’ai pris beaucoup de plaisir aussi à jouer dans Sarab avec la chanteuse Climène Zarkan que j’ai rencontrée au conservatoire de Lyon, où elle étudiait le piano classique.

 GUILLAUME PERRET

A Certain Trip “A Certain Trip” (French Paradox, 2020)

 (Après un long moment et lui avoir précisé qu’il s’agissait d’un saxophoniste français) Ça doit certainement être Guillaume Perret. On ne se connaît pas vraiment, on s’est juste croisé quelque fois dans des festivals. Quand j’ai démarré à Lyon avec mon tout premier groupe, nous étions fascinés par  son groupe Electric Epic. J’adore le son de ce que j’entends, notamment l’utilisation du synthétiseur, c’est très réussi et c’est fait avec bon goût. Ce n’est jamais évident de mêler les sonorités acoustiques et électroniques et c’était un peu notre challenge sur l’album “Mÿa” !

 DIRTY DOZEN BRASS BAND

Ain’t Nothin’but a Party “Medicated Magic” (Rope A Dope, 2002)

Il s’agit d’un brass band de la Nouvelle-Orleans, mais lequel ? Rebirth ? Big 6 ? Youngblood ? (Après lui avoir dévoilé), ah oui, je n’y ai pas pensé ! J’adore ce genre de fanfare très groovy, ça me rappelle mon voyage à la Nouvelle Orleans en 2019 avec une bande de potes musiciens. On s’est bien amusé, on faisait la manche et on jouait comme des fous jour et nuit. Nous avons été très bien reçus, les gens sont charmants et nous avons beaucoup apprécié cet esprit permanent de fête, de musique et de danse. Un moment inoubliable ! Le brass band Octotrip auquel j’appartiens n’a pas grand-chose à voir avec ça, on a plusieurs visages, mais nous sommes avant tout un ensemble de musique de chambre de cuivres, cela dit on peut aussi se transformer en bandas pour les fêtes de Dax ou de Bayonne !

 CD : “Mÿa” (Komos)

 CONCERTS : 1er avril : Consulat Voltaire, Paris (Octotrip), 2, 9, 16, 23, 30 avril : La Gare, Paris, 13 avril : Détours de Babel, Grenoble (Quatuor Demi Lune), 24 avril : Grand Mix, Tourcoing, 7, 14, 21 mai : La Gare, Paris, 30 mai : Jazz Sous les Pommiers, Coutances (Quatuor Demi Lune).