La Boite à Musiques : Julien Daïan
1 juin 2025
photo : Jean-Baptiste Millot
LA BOITE A MUSIQUES
JULIEN DAÏAN
“ Coleman Hawkins, c’est sublime, quelle classe, quelle élégance et quelle modernité ! ”
Le 25 avril dernier, le saxophoniste, compositeur et producteur Julien Daïan foulait la scène du Sunset dans le cadre des Concerts Jazz Magazine. Avec son formidable groupe, il a développé en live l’univers très produit et particulièrement groovy de son album “Suppose It Is Butter” (CHOC Jazz Magazine). L’occasion était trop belle de lui faire écouter un éventail de saxophonistes qui ne pouvaient que l’interpeller !
aux platines Lionel Eskenazi / photo Jean-Baptiste Millot
COLEMAN HAWKINS QUARTET
Love Song From Apache “Today and Now ” (Impulse!, 1963)
C’est très beau, je connais ce morceau ! Ça me fait penser à Wayne Shorter, mais je sais que ce n’est pas lui (après un petit temps), mais c’est Coleman Hawkins bien sûr ! C’est sublime, quelle classe, quelle élégance et quelle modernité ! J’ai une grande affection pour les saxophonistes noirs américains de cette génération : Coleman Hawkins, Lester Young et Don Byas sont mes trois préférés. Avec ces musiciens, le temps ne passe pas, car ils sont toujours modernes, ils représentent la vérité et la sincérité. Coleman Hawkins, je l’ai découvert avec Body & Soul quand j’avais 17 ans, sur une excellente compilation intitulée “Saxy Jazz” parue chez BMG, qui regroupait tous les plus grands saxophonistes de Coleman Hawkins à John Coltrane.
GARY BARTZ NTU TROOP
Dr. Follow’s Dance “I’ve Known Rivers and Other Bodies” (Prestige, 1973)
Nous sommes dans les années 70 et c’est du live, ça pourrait être Weather Report ou Benny Maupin…mais non, c’est Gary Bartz bien sûr ! Je ne suis pas très porté sur le jazz des années 70, mais je suis un grand fan de Gary Bartz pour son total engagement, il sent la transpiration de Harlem ! (Bien qu’il vienne de Baltimore, NDLR). Mon album préféré est “Music Is My Sanctuary” (1977) et j’ai d’ailleurs rendu un hommage à cet album en reproduisant sa pochette à travers un dessin à l’intérieur de mon récent : “Suppose It Is Butter”. Un album qui démarre d’ailleurs par une composition que j’ai intitulé Bartz Is a Kid Again ! Je l’ai vu sur scène il y a quelques année au Nubia, malheureusement, il n’y avait pas grand monde à ce concert, mais plusieurs musiciens étaient présents comme Alain Jean-Marie et César Poirier.
LARRY SCHNEIDER
Tom’s Dinner “So Easy” (Label Bleu, 1988)
Je connais très bien ce thème de Suzanne Vega, je l’ai repris sur mon deuxième album : “Behind The Reef”. J’aime bien cette version instrumentale, jouée en duo avec un sax soprano et une contrebasse, mais je ne vois pas du tout qui c’est ? (Après lui avoir dit qu’il s’agissait de Larry Schneider en duo avec Henri Texier), ah ! Je connais Henri Texier bien sûr, mais pas du tout ce saxophoniste ! Sur mon dernier album, il n’y a que des compositions originales, mais sur mes premiers disques, j’aimais bien faire des reprises de morceaux que j’écoutais dans ma jeunesse et qui m’ont marqués, comme celui-ci, mais aussi Under The Bridge des Red Hot Chili Pepper ou Woman in Chains de Tears For Fears.
BUCKSHOT LEFONQUE
Jungle Groove “Music Evolution” (Columbia, 1997)
Alors là, je suis à la maison ! C’est Buckshot LeFonque. J’aime tout dans ce groupe, à commencer par Branford Marsalis bien sûr, c’est le sale gosse de la famille et c’est mon préféré. Il sait tout faire et il sait tout jouer. Il connaît la tradition, mais il est aussi dans le présent et dans le futur. Que les morceaux soient instrumentaux, comme celui-ci, ou vocaux, c’est toujours énorme. Que ce soit jazz, soul, funk, rap ou raggamuffin, ça déglingue toujours. Il a ouvert des portes et personne n’avait fait ça avant lui. Ce sont des disques qui m’ont énormément marqués, comme ceux du Groove Gang de Julien Lourau à la même époque. Sur le morceau The Real McBuck de mon dernier album, j’ai repris un solo de Branford que j’avais relevé !
STEVE COLEMAN & METRICS
Black Genghis “The Way of the Cipher” (BMG, 1995)
C’est Steve Coleman évidemment. C’est l’album enregistré au Hot Brass avec les Metrics, à cette époque il est au top. J’ai admiré Steve Coleman bien sûr, mais j’ai décroché quand il est devenu trop ésotérique et cérébral. Son influence est très importante et en tant qu’altiste, je l’ai beaucoup écouté ainsi que Kenny Garrett et Maceo Parker. La collaboration de Steve Coleman avec le rap des Metrics est très réussie. Le rap était incontournable dans ma jeunesse à Marseille où j’ai grandi avec I Am ! Sinon, j’aime beaucoup Big Daddy Kane, Rakim, The Notorious B.I.G et mon préféré c’est MF Doom !
MILTON NASCIMENTO
Saidas E Bandeiras “Milton” (A & M Records, 1977)
Ce que j’entends est sucré et il se trouve que j’aime bien la musique sucrée ! Nous sommes au Brésil et il me semble bien que c’est Milton Nascimento ! Je l’adore, c’est un chanteur et un musicien incroyable. Sur le dernier morceau de mon album qui s’intitule : Weight Watcher, je lui rends hommage à travers une ligne mélodique et un chant proche de sa musique et de son univers.
CD : “Suppose It Is Butter” (French Paradox)
CONCERTS : 6 & 7 juin au Caveau des Oubliettes (Paris), 20 juin au Kiosque (Saint-Nazaire), 11 juillet au Festival Jazz en Ville à Vannes.