Chronique CD : Olga Amelchenko “Howling Silence”

1 juil. 2025

Olga Amelchenko

“Howling Silence”

1 CD Edition Records

CHOC

Nouveauté. Ce premier album sur le label anglais Edition Records de la saxophoniste et compositrice russe (installée à Paris) Olga Amelchenko, est son quatrième et meilleur disque à ce jour.

Ce “silence hurlant” suggère un état d’esprit particulier qui pourrait sembler plein de contradiction, mais il n’en est rien car cet album explore l’espace entre le désir de s’exprimer et le poids du silence. Olga Amelchenko est en colère et révoltée face à l’état du monde et plutôt que de hurler et de proposer une musique agressive et remuante, elle choisit le calme, la volupté et l’élégance. Ce n’est pas exactement du silence, mais une certaine sérénité, portée par une colère intérieure feutrée et sensuelle et par un jeu de saxophone qui sait faire résonner l’intime et le profond. Cette jeune femme est une musicienne accomplie d’une grande classe, qui plutôt que nous cracher sa haine à la figure, nous envoie un somptueux bouquet de roses pleine de senteurs, mais dont il faudra pourtant se méfier des épines ! Car derrière ces superbes compositions, très bien construites et interprétées avec sensibilité par un excellent groupe (où se déploient le subtil jeu de piano d’Enzo Carniel et la guitare atmosphérique de Matthew Stevens), se faufile un malaise souterrain et une noirceur qui se déguise en beauté. Une certaine tension est contenue dans cette musique, mais cette tension est portée par l’art de la détente. C’est du grand art avec un sens aigu de la narration et de la mise en scène sonore. Au fil des écoutes, l’album prend tout son sens et nous ensorcelle par sa sensualité, sa profondeur et son parfum enivrant. La révolution de velours est en marche, pleine de résilience, de passion, d’espoir et de fureur contenue.

Lionel Eskenazi.

Olga Amelchenko (as, comp), Matthew Stevens (g), Enzo Carniel (p), Etienne Renard (b), Jesus Vega (dm).