Chronique CD : Charlotte Planchou : “Le Carillon”

1 oct. 2024

Charlotte Planchou

Le Carillon

1 CD Quai Son Records / Pias

CHOC

Nouveauté. Trois ans après “Petite”, Charlotte Planchou a grandi en proposant ce “Carillon”, sous forme d’une carte d’identité sonore qui radiographie en profondeur son âme, jusqu’à révéler les secrets de son ADN.

La chanteuse se met à nu à travers ces onze chansons qui nous dévoilent qui elle est, d’où elle vient et vers quoi elle se dirige. Autour d’une musique minimaliste - mais riche en nuances et en couleurs harmoniques développées par le pianiste Mark Priore - Charlotte Planchou montre l’étendue de son talent et de son expressivité dans des styles musicaux variés, où elle chante en cinq langues différentes ! Elle utilise l’anglais à quatre reprises, pour un air traditionnel (Greensleeves), une sublime reprise de Carole King, un air d’opéra tiré du “King Arthur” de Purcell, ou un Cukoo de Benjamin Britten particulièrement planant, où plusieurs registres de sa voix sont mixés. La langue française est réservée aux poètes : Beaudelaire et Aragon, dont elle magnifie la prose avec un clin d’œil à Léo Férré, sans oublier une remarquable composition personnelle : C’est la Vie, où Mark Priore développe un fort beau solo de piano. La langue occitane nous enchante avec l’entraînant A San Jan, le brésilien est chanté à merveille  avec Tin Tin Por Tin Tin, ainsi que l’allemand, pour une remarquable relecture de Mac The Knife de Brecht et Weill dans sa langue originelle. Le duo intimiste et poétique que Charlotte Planchou forme avec Mark Priore, nous fait souvent songer à celui que formaient Jeanne Lee et Ran Blake. N’oublions pas de mentionner le troisième membre de ce duo, représenté par le carillon de la grand-mère de Charlotte, qui ponctue et s’intègre à merveille dans la belle et fluide narration développée dans l’album et dirigée de main de maître par le sculpteur de son : Daniel Yvinec.

Lionel Eskenazi.

Charlotte Planchou (voc, g), Mark Priore (p). Studio Quai Son, mars 2024.