Chronique CD : Ceramic Dog : “Connection”

1 sept. 2023

Ceramic Dog

Connection

1 CD Yellow Bird / L’Autre Distribution

CHOC

Nouveauté. Il y a peu de chance que cet album soit chroniqué dans Rock & Folk et pourtant s’ils prenaient la peine de l’écouter, ils se rendraient à l’évidence que ce pourrait bien être l’avenir du rock !

Un rock sauvage, sonique, post-punk, totalement libre et fortement saturé, mais du rock tout de même, avec des chansons aux refrains entêtant sur des riffs de guitares cinglants et une rythmique déchaînée, autour d’une vision du monde apocalyptique. Dans ce groupe démentiel, dont c’est déjà le cinquième album (et peut-être leur meilleur), le guitariste Marc Ribot est plus influencé par le Velvet Underground et Sonic Youth que par Wes Montgomery ou Jim Hall. Alors le jazz dans tout ça ? Eh bien il est omniprésent dans l’esprit et dans le point de vue formel, avec sa transe, son énergie, son feeling et ses moments improvisés. Il est même totalement prégnant sur les trois titres instrumentaux comme  le remarquable Swan, où James Brandon Lewis en invité brandit son sax ténor dans un magma furieux et incandescent. Dans Order of Protection, lointain cousin de Little Wing, Ribot rend un hommage éclatant à Jimi Hendrix autour d’un délirant solo de guitare de dix minutes. Sur la chanson radicalement punk Heart Attack, il s’amuse à parodier les Beatles en chantant Baby You Can Drive My Car. Dans Subsidiary, on songe aux riffs vénéneux de Lou Reed, tandis qu’avec Ecstasy et That’s Entertainment, il réalise deux hits pop (une pop sombre et déjantée bien sûr). Sur l’instrumental No Name, la musique flotte dans une ambiance répétitive particulièrement jouissive et inspirée. Enfin, après s’être frotté à la musique cubaine avec Los Cubanos Postizos, Ribot s’essaye avec bonheur à la Cumbia dans le délirant Crumbia qui clôt l’album.

Lionel Eskenazi

Marc Ribot (g, b, voc), Shahzad Ismaily (b, elec, voc), Ches Smith (dm, perc, elec, voc) + invités suivant les titres. Brooklyn, NY.