CD Jef Giansily "Insight"

15 mai 2025

COMMUNIQUE DE PRESSE

CD JEF GIANSILY : « INSIGHT » (Fresh Sound)

Jef Giansily est un pianiste et compositeur français, élève de Bernard Maury et diplômé de la Bill Evans Piano Academy. Il vit depuis vingt ans à Istanbul, où il dirige une école de musique. Après avoir réalisé un premier album « Sketches », enregistré en trio en Turquie, puis un deuxième opus, encore inédit à ce jour, Jef Giansily est revenu provisoirement en France, afin de monter un quintette explosif et enregistrer au Studio de Meudon, l’impressionnant « Insight ». Une musique dense, puissante et lyrique, portée par un regard intérieur et introspectif qui suggère un état d’altération, où la force de la musique transforme notre état d’âme et notre rapport au temps. Une musique mouvante, contrastée et expressive, d’une grande sensibilité, dont l’approche spirituelle n’est pas négligeable. Les huit morceaux d’« Insight » s’enchaînent à merveille en formant une suite narrative fluide et cohérente. Influencée par les grandes formations de jazz des années 1960 (le quintette de Miles Davis ou les albums Blue Note d’Herbie Hancock ou Wayne Shorter), la musique de Jef Giansily n’en est pas moins singulière, personnelle et moderne. Une musique qui coche toutes les cases puisqu’elle est à la fois très agréable à écouter et terriblement exigeante (avec une section rythmique qui n’a pas peur des changements de métriques à l’intérieur d’un même morceau !). Jef Giansily compose toujours à partir d’une mélodie autour d’une ligne de basse qu’il a en tête : l’écriture d’un thème est toujours associée à un contrepoint rythmique. Son impressionnant jeu de main gauche est porté par d’obsédants ostinatos et propulsé par la force et le groove de sa paire rythmique, composée du jeu virtuose du contrebassiste Apostolos Sideris et du foisonnant drive du batteur Gautier Garrigue. Si la rencontre avec Gautier Garrigue est récente, la complicité que Jef Giansely entretient avec Apostlos Sideris est ancienne, car ce contrebassiste grec, installé aujourd’hui à Paris, a vécu longtemps à Istambul après de brillantes études musicales aux Etats-Unis, où il a été l’élève de John Patitucci. Comme un metteur en scène qui choisit précautionneusement ses comédiens, Jef Giansely sélectionne chaque musicien pour la singularité de leur personnalité et pour leur propre chant intérieur. Il a rencontré à Paris, le saxophoniste Pierre Bernier avec qui le courant est tout de suite passé et il entretient une solide amitié, musicale et humaine, avec le stupéfiant trompettiste américain Hermon Mehari (installé à Paris et désormais de nationalité française) et a souvent joué à Istanbul avec lui. Un quintette qui a un pied dans le passé des grandes formations historiques du jazz moderne, ainsi qu’un pied dans le futur, à travers un point de vue formel rythmique novateur, mais surtout les deux jambes dans le présent d’un jazz actuel acoustique fort excitant et réjouissant.

L’album démarre avec Altération, dans l’énergie d’un groove prégnant et complexe, autour d’une remarquable tension dramatique, portée par le dialogue entre le piano et les instruments à vents. Un morceau qui ne se termine pas par la reprise du thème, mais par un foisonnant solo de batterie de Gautier Garrigue. La tension et la force du groove sont toujours présents dans Timeless Moment, qui évoque une vision intemporelle à travers un moment suspendu, fort bien représentée par le solo de contrebasse d’Apostolos Sideris. Après deux morceaux particulièrement tendus, l’atmosphère se calme pour la belle ballade Mindscape, dédiée au fils de Jef Giansily, avec un émouvant solo de piano au toucher sensible et lyrique. La musique est particulièrement mouvante sur Latent Motion, avec des changements de métriques impressionnants, autour d’un mouvement continu qui aboutit à un flamboyant solo de trompette d’Hermon Mehari. Place au solaire Heart’s Way, au centre du disque, pour un resplendissant morceau de détente, simple et apaisé. Sur Imprint, le tempo s’accélère et chaque musicien du quintette a le loisir de s’exprimer pleinement. Une nouvelle ballade pointe son nez avec Quatre Septembre, jouée en quartette (sans trompette), ce qui permet au saxophoniste Pierre Bernier de nous gratifier d’un fort beau solo. Enfin la chanson finale Silver Glints (sur un beau texte de Jef Giansily) est interprétée par la chanteuse Charlotte Wassy, que Jef a accompagnée lors de plusieurs de festivals en Turquie (Ankara, Alanya, Istanbul). Des reflets d’argents superbes, qui humanisent la musique parfois complexe (mais toujours lisible) de cet album, en le rattachant à quelque chose d’universel, afin de terminer en beauté ce voyage musical intérieur si bien décrit par Jef Giansily :

« La musique participe d’un mouvement invisible, manifeste l’imaginaire, imprime en nous une marque indélébile puis disparaît, comme les rayons d’une lumière éphémère».

Lionel Eskenazi.